Il était une femme… “Pédagogie” (4)

Anne de Xainctonge

— Si vous écoutez avec nous la musique des origines, des mots, des thèmes reviennent souvent :

«Les filles et les femmes, les pauvres et les servantes, les plus rudes et les plus ignorantes… chacune selon ses capacités…
Proposer, conduire comme par la main, inciter, disposer, persuader, attirer, imbiber, s’accoutumer…»

— Goûtez un peu l’ambiance de l’ordinaire de la semaine : sur les bancs de l’école a pris place toute une tribu de jeunes et petites filles; elles doivent avoir plus de 7 ans, c’est la règle chez nous !

— Les dimanches et les jours de fête, ce sont les servantes qui emplissent l’école, ces servantes laissées dans l’ignorance de tout et dont personne ne semble se soucier.

— Il y a aussi les femmes d’âge mûr, tant celles du peuple que celles du beau monde, qui parfois viennent nombreuses, mais peuvent aussi venir individuellement se faire enseigner…

— Oui, car il faut bien se rendre à l’évidence que s’agissant de femmes ayant affaire à des femmes, cela met en confiance !

— Mais retournons à notre école :

— En ce jour de rentrée, nous vous souhaitons la bienvenue dans nos quatre classes. Dans chacune d’elles vous serez installées par bancs.
Sur chacun d’eux prendra place un groupe de même niveau sous la conduite de l’une d’entre nous.

— Vous avez choisi de venir vous instruire dans notre école : aujourd’hui vous avez répondu « présentes » lors de l’appel. Cela constitue de votre part un engagement.
C’est en quelque sorte un contrat passé librement entre nous, qui fait déjà de vous des êtres responsables : un engagement de présence que vous devrez tenir, tout simplement parce que c’est une question d’honnêteté envers vous-mêmes et vis à vis de nous.

— Quant à nous justement, vos soeurs en Jésus Christ, qui allons vous enseigner, nous nous engageons à vous transmettre tout ce que nous avons appris et principalement tout ce que nous avons découvert de Dieu…

— Car dites-vous bien – et cela va peut-être en étonner certaines, mais soyez-en bien toutes convaincues : nous les femmes, sommes créées pour le ciel tout aussi bien que les hommes ! Et ceci malgré tout ce qu’on a pu vous raconter sur le sujet !

— Mais ne vous affolez pas : nous ne vous ferons pas pour autant de grandes causeries théologiques, non ! Nous laisserons ce rôle à nos bons prêtres et prédicateurs que nous irons ensemble entendre à l’église.
Ici nous nous contenterons de découvrir Dieu à travers l’apprentissage de tout ce qui nous rend capables de raisonner et de penser.

— La pédagogie mise au point par notre mère fondatrice est d’une modernité à… à décoiffer !

— Nous, les soeurs, allons nous mettre à l’école de chacune d’entre vous, notre but n’étant pas de faire de vous des petites automates capables de répéter comme des perroquettes ce que nous leur aurons enseigné. Rien de tout ça !

— Au contraire, nous mettre à votre école, cela signifie, pour nous, devenir capables de savoir répondre à vos désirs, puis faire grandir en vous ces désirs.

« Selon leur âge, leur aptitude et leur intelligence, il y a lieu d’adapter l’enseignement. Car on ne peut pas donner à celle qui est rude ou de peu de force des choses qu’elle ne puisse supporter sans fatigue et dont elle ne puisse profiter. De même on donnera à chacune, selon la façon dont elle aura voulu se disposer, ce qui peut l’aider et lui profiter davantage ».

— Il nous faudra donc partir de là où chacune d’entre vous en est, chercher à développer ce que chacune de nos élèves porte en elle.
Nous voulons être attentives à chaque personne qui est une histoire sacrée aux yeux de Dieu.

« Ce n’est pas d’en savoir beaucoup qui satisfait et rassasie l’âme, mais de sentir et goûter les choses intérieurement »

— Notre ardent désir est de vous aider à grandir dans la connaissance de Dieu, vous donner le goût de Dieu, cette saveur de Dieu dont nous avons appris à nous régaler.
Vous permettre aussi de découvrir tout ce que Dieu désire pour vous.

—  Parfaitement ! Et qu’est ce que Dieu désire pour vous , si ce n’est de faire de vous des êtres libres, capables de choisir votre destin, de devenir maîtresses de vos vies ?

— Car une personne instruite devient une personne capable d’initiatives, de responsabilités, une personne capable de s’engager personnellement, de décider par elle-même.

— Des femmes libres au milieu du monde, c’est ce que nous avons choisi d’être dans la fidélité à Jésus Christ et à son Eglise.

— Nous attacherons aussi beaucoup d’importance à créer les conditions d’une rencontre vraie et profonde, à instaurer entre nous un véritable dialogue.

— Vous êtes riches, chacune d’entre vous, et d’abord de cette lumière de l’Esprit Saint qui vous illumine, et fait de chacune de vous un être unique.

— Vous ne serez jamais pour nous seulement un nom mis sur un visage, mais bien plus : une personne, un être capable de relation.

— Relation : voilà notre secret, notre richesse… Nous la cultivons cette relation…Nous l’entretenons…

— Et de quelle manière vous demandez vous ? Tenez-vous bien, vous allez recevoir un choc !
Tout simplement en cultivant l’art de la conversation.

— Mais oui, il fallait y penser, à cet entretien familier, ce plaisir d’échanger entre un petit groupe d’individus, de se tenir proche en compagnie les unes des autres.

— C’est prendre ainsi pour modèle notre Seigneur Jésus Christ conversant avec les hommes, se faisant proche d’eux, partageant leurs joies, leurs soucis, leurs peines.
Voilà pourquoi nous converserons ensemble !

— Quel beau programme en perspective, mes soeurs !
J’ai si hâte de commencer, pour mettre toutes ces déclarations d’intention en pratique et faire goûter à nos élèves les saveurs de tout ce que nous nous promettons de leur faire découvrir !

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