Je peux vous embrasser ?

Témoignages

Je l’avais déjà rencontrée aux alentours de la gare : « Vous n’auriez pas une petite pièce ? La vie est dure ! »…
Mais aujourd’hui, je me suis arrêtée plus longtemps. Tandis que je fouillais dans mon porte-monnaie, elle me montre le contenu de son sac : « C’est pas pour boire, vous voyez ! » Pensant à une personne que sœur B avait rencontrée lors d’une maraude, je lui demande si elle s’appelle Brigitte. « Pourquoi vous me demandez ça ? Moi, c’est F… » « Ça alors ! C’est comme moi ! » « Mais je n’aime pas mon nom ; ça fait vieillot… » « Alors, comment vous aimeriez vous appeler ? » Il ne lui a pas fallu plus de trois secondes pour répondre, avec une petite flamme dans les yeux : « Ségolène ! » Ses yeux ! Je lui ai dit qu’elle avait de beaux yeux.
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« Vous êtes religieuse ? » Je n’avais aucun signe visible ! A ma réponse affirmative, elle me parle de sa souffrance : un membre de sa famille, qui va à la messe, et qui les a tous déshérités… « Si on va à la messe, on peut pas faire des choses comme ça ! »
« Vous avez un logement quand même ? « Oui, mais je n’ai plus de jardin… Avant, je faisais mes légumes.
Regardez mon dos (voûté) : j’ai été battue quand j’étais petite. Maintenant, j’ai l’allocation adulte handicapé, mais il faut bien que j’arrondisse les fins de mois.
Faut pas le dire, mais je viens de V… en auto-stop, presque tous les jours.. Parce que, à V…, j’ai toujours habité là ; c’est petit, les gens me regardent de travers. En ville, c’est mieux, vous trouvez pas ?
Bon, il faut que j’y aille… je peux vous embrasser ? »

Marie Bernard

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